« Qu’est-ce qu’on peut faire pour que mon papa cesse d’être obligé d’aller travailler dans l’Ouest? »

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Le réputé columnist du National Post John Iveson se promène partout dans le Canada afin de couvrir certains angles moins connus, discutés lors de la campagne électorale actuelle. Récemment, il se trouvait dans les Maritimes où le parti Libéral de Justin Trudeau caracole dans les sondages.

Depuis longtemps, cette partie du Canada est un fier du PLC bien que certains endroits ont des traditions plus Conservatrices. Peter Mackay, l’ancien chef des Progressistes-Conservateurs et ministre influent sous Stephen Harper est l’un de ses « Bleus » qui ne craignait jamais vraiment sa réélection.

10 sièges Conservateurs en danger dans les Maritimes…

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Voilà qui est de moins en moins vrai. Iveson rapporte, selon son analyse des données locales, que 10 sièges Conservateurs seraient en danger dans les Maritimes, dont celui de Mackay, Center-Nova qui sera désormais représenté par un employé de longue date des Conservateurs Fred DeLorey; l’ex ministre Conservateur ayant décidé de quitter la politique active. Ce sera la première fois que ce comté ne sera pas représenté par un Mackay depuis près de 45 ans, le père de Peter Mackay, Elmer Mackay ayant été élu député chaque fois dans ce comté depuis 1968, hormis un hiatus de 4 ans en 1993 et quelques mois en 1983 ce qui permettait à Brian Mulroney d’accéder à la Chambre des Communes via un comté « sûr ».

Enjeux locaux, enjeux nationaux

Certains dossiers risquent de faire très mal aux candidats Conservateurs et le journaliste Iveson a pu le vérifier sur place. Au premier chef, les changements apportés par le gouvernement Harper aux conditions d’accès à l’assurance emploi sont décriés même dans la base conservatrice. Un marché de l’emploi souvent tributaire des impératifs saisonniers, la pêche, le tourisme, fait en sorte que trop de travailleurs des Maritimes ne réussissent plus à se qualifier à l’assurance emploi, les plongeant ainsi dans le cercle vicieux de la précarité.

En conséquence note Iveson, beaucoup de jeunes des Maritimes sont forcés de s’exiler, certains quittent pour de bon, d’autres embarquent dans le cycle du travail extérieur de type « fly in-fly-out ». Alors que le journaliste se trouvait dans un magasin d’alimentation avec la candidate libérale Bernadette Jordan dans le comté de South-Shore- St-Margaret, une jeune fille s’est approchée de la candidate afin de lui demander si elle pouvait faire quelque chose pour éviter que son père continue de travailler loin de la maison, dans l’ouest. La faiblesse du marché du travail dans cette partie du Canada force beaucoup de gens à voyager de longues heures, loin de chez eux, pour joindre les deux bouts.

Un autre dossier qui ternit le bilan Conservateur, la diminution des transferts en santé qui se traduira par des coupures de services que la population impute au gouvernement central. Les coffres du fédéral débordent et les provinces sont assujetties aux choix politiques des Conservateurs au détriment des besoins de la population locale. « La diminution des transferts en santé aux provinces ne peut que se faire au détriment des services » note une citoyenne inquiète rencontrée par le journaliste.

Électorat volatile…

À micros fermés, des stratèges Conservateurs admettent qu’ils seront chanceux de conserver la moitié de leur 13 sièges dans les Maritimes. Il existe bien un vieux fond « Bleu » mais la volonté de changement, du « tout sauf Stephen Harper » est très forte dans l’est du Canada. Les candidats Conservateurs le constatent en faisant campagne.

Aussi, il faut bien admettre que bien des électeurs Conservateurs dans les Maritimes sont issus de la mouvance « Red Tories », des citoyens qui étaient plus à l’aise sous les Progressistes-Conservateurs que le parti de Stephen Harper, plus à droite. En ce sens, Libéraux et NPD savent que des gains sont possibles auprès de cet électorat.

À condition que la division du vote non Conservateur ne profite pas aux « Bleus »… Car ici comme ailleurs, il subsiste une base Conservatrice qui ne bougera pas; peut-être juste assez pour sauver un comté ou deux de plus. Ce sur quoi comptent les stratèges rencontrés par John Iveson.

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