Réflexions post-campagne…

Via Influence Communication
Via Influence Communication

Voici quelques réflexions post-campagne électorale dans l’ordre ou le désordre…

A) Frank Graves de Ekos politics m’a surpris dès le 18 octobre quand il s’est avancé pour prévoir soit une large minorité mais plus probablement une majorité Libérale. Il s’appuyait sur le fait que ses enquêtes de dernières minutes montraient que le vote des électeurs plus âgés se déplaçait en très grand nombre vers les Libéraux de Trudeau, et ce partout au pays. Il a aussi prévu la débandade du NPD qui, en conséquence de la popularité du PLC, ne devenait plus vecteur de changement mais bien 3e violon, confiné à la marge politique.

« C’est certain que le gagnant de la prochaine élection aura été 3e dans les sondages à un moment donné. Cela est inédit dans l’histoire de la politique canadienne à ma connaissance » -David Coletto, PDG de Abacus Data

B) Cette longue campagne aura été déterminante dans la suite des choses pour l’industrie de l’enquête politique de l’opinion publique. On se souviendra que la firme CROP a complètement disparue des écrans radar suite à sa publication de sondages biaisés pour le compte du NPD dans les comtés des chefs adversaires de Mulcair au Québec (Trudeau et Duceppe). À un point tel que Gesca-La Presse a dû faire appel à EKOS Politics pour conduire un sondage pour publication dans ses pages. La crédibilité de CROP sera difficile à refaire, si cela est même possible.

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Cette longue campagne aura augmenté le cynisme des citoyens envers les sondeurs en général. Trop de sondages, trop de sondages de mauvaises qualité, une méthodologie déficiente, des médias avides de chiffres afin de nourrir des analystes de qui on attend toujours un peu plus de jus afin de faire du termes d’antenne, ces mêmes analystes qui génèrent des cotes d’écoute s’ils savent se rendre intéressants. Pourtant, quelle crédibilité ont les analyses de ces star-chroniqueurs du Québec quand elles s’appuient sur des sondages à échantillon de 200-300 personnes sur l’ensemble de la province? Sans représentation régionale? On l’a vu hier, ces analyse ne valent pas un rond. Elles ne valent rien. Que du vent. Ce qui est plus inquiétant cependant c’est que ces analystes ne sont pas neutres. En s’appuyant sur des enquêtes bidons, ils pérorent le plus souvent en inclinant leurs propos de leurs accointances politiques.

Ce star-système du commentariat politique au Québec est à jeter aux poubelles.

Bricker, PDG de IPSOS, rappelle que la CAPOR a été créée pour augmenter les standards de l'industrie du sondage
Bricker, PDG de IPSOS, rappelle que la CAPOR a été créée pour augmenter les standards de l’industrie du sondage

Pour ce qui est de l’industrie du sondage, j’ai bien hâte de voir le post-mortem qui sera fait par la CAPOR (Canadian Association for Public Opinion Research / Association pour la recherche en opinion publique du Canada [AROPC en français]). Cette association a été mise sur pieds par des ténors de l’industrie de l’opinion publique au Canada (Léger en est le seul membre du Québec) afin de réguler une industrie en mal de crédibilité. Le but étant de créer un genre de sceau d’approbation qui se baserait sur des principes méthodologiques stricts. J’appuie cette initiative qui servira à séparer le bon grain de l’ivraie, ou ce qui est bénéfique pour la population de ce qui est nuisible.

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Aussi, on devra se questionner sur le mandat que devrait avoir les sondages au sein d’une campagne électorale. Est-ce normal que les sondeurs soient vecteurs de changements? Est-ce leur rôle de s’immiscer sciemment dans une campagne afin d’en incliner le résultat en fonction d’inclinaisons politiques précises? On pourrait ajouter les campagnes provinciales au Québec depuis 2003 à cette équation…

La gauche-inclusive-pro-NPD fait la leçon mais se questionne peu…

GND

C) Je reviendrai là-dessus de façon plus élaborée plus tard mais cette longue campagne électorale aura été très instructive sur la suite des choses au Québec, notamment en ce qui a trait aux accointances idéologiques et politiques de la gauche-inclusive. Du haut d’une pré-supposée supériorité morale, cette gauche-inclusive-auto-proclâmée aime faire la morale aux indigents québécois mais pourtant n’accepte jamais de se questionner sur ses propres échecs, sur la conséquence des actions politique qu’elle mène.

La dégelé historique du NPD au Québec c’est aussi un cuisant échec de l’alliance équivoque entre cette gauche-inclusive et le tenant d’un multiculturalisme sans limite, fédéraliste et progressiste de circonstance, soit « Tom » Mulcair. Les harangues méprisantes, les amalgames infects et fallacieux des tenants de cette gauche envers les indépendantistes (appuyer le Bloc c’est automatiquement être xénophobe, cautionner l’islamophobie, le repli sur soi, etc) n’auront pas réussi à rallier qui que ce soit, bien au contraire! La sortie de Françoise David aura-t-elle réussi à mobiliser qui que ce soit vers le NPD? Le résultat d’hier montre bien que non.

Le NPD se trouve aujourd’hui dans la marge politique, un dur retour à la case départ. Mulcair semble vouloir s’accrocher, rien là dedans n’est cause de réjouissance pour la gauche-pro-multiculti au Québec. Il sera intéressant de voir si l’élection d’un des plus ardents défenseurs du multiculturalisme sans limite (Trudeau en a fait un élément central de son discours de victoire tard hier soir, ce qui est très révélateur pour la suite des choses) sera le moment pour de nombreux porte-étendards de cette gauche de joindre les rangs du fédéralisme de façon totale et assumée.

Le message de GND hier soir est très révélateur. Vite sur la hachette pour accuser les indépendantistes de « nationalisme conservateur », mais rien dans sa critique du NPD de l’échec lamentable de la gauche au Québec qui a appuyé Mulcair de toute ses forces, notamment en défendant le multiculturalisme sans limite si cher à Mulcair. Ça, cette gauche évite toujours de le mentionner. C’est son sale petit secret en quelque sorte.

Si GND s’était donné la peine de suivre la campagne du Bloc au delà du préjugé « niqab » savamment entretenu par des médias hostiles au Bloc justement, il se serait rendu compte que les discours de Duceppe étaient beaucoup, beaucoup plus progressistes que ceux de Mulcair et de Trudeau. Même pas proche. Dans la dernière semaine de çampagne, Duceppe a livré un vivant discours sur le bilan désastreux de Harper en matière de condition féminine et sur les droits des nations autochtones; allant aussi loin que de lier la lutte d’émancipation du Québec à la reconnaissance et l’appui de celle menée par les nations autochtones. Sur la question de la gestion de l’offre, de la défense des droits des chômeurs, les nombreux discours de Duceppe font passer Trudeau et Mulcair pour des opportunistes de droite.

Mais ne comptez pas sur cette « gauche-inclusive » pour s’intéresser de plus près à ce que disent les ténors indépendantistes. Cette campagne aura été très instructive pour la suite des chose. On a beaucoup demandé aux indépendantistes de se remettre en question, ils le font. Le temps est venu maintenant que les indépendantistes qui demeurent chez cette gauche en fasse de même. L’heure est à la coalition de toutes les forces indépendantistes sous le seul objectif de faire le pays sans conditionner cet appui à un présupposé idéologique de gauche.

Comme le font en ce moment les Écossais et les Catalans. La gauche, la droite, toutes les tendances nationalistes unies vers ce seul objectif. La seule question? Indépendance ou assimilation?

Loin d’une victoire bloquiste…

D) En terminant, les dix sièges du Bloc Québécois n’ont rien d’une victoire selon moi. Un petit baume qui ne masque en rien l’ardeur de la tâche à faire. Au premier chef, la fin de du militantisme indépendantiste fondé sur les seuls prédicats électoralistes. Il est impératif que nous nous attelions à la tâche de la pédagogie des avantages indéniables inhérents à l’indépendance. Si nous ne le faisons pas, le réveil post-2018 pourrait être très douloureux. En ce sens, bien que je ne sois pas toujours en accord avec un indépendantiste comme GND, il est indéniable selon moi que la cause mérite plus d’intellectuels comme lui. À nous maintenant de trouver un terrain d’entente.

Un indice, défendre le projet d’indépendance du Québec PEUT et DOIT marier à la fois la fierté de l’identité d’une nation, d’un patrimoine vivant qui s’inscrit dans le temps et le lieu mais aussi sa bénéfique évolution dans une modernité plurielle dans laquelle l’apport de toutes les saveurs du monde sont bénéfiques et souhaitable. N’en déplaise aux sceptiques.

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