#ÉnergieEst… Dites Françoise David… Vous nous prenez pour des imbéciles?

Au cours des prochains jours, des prochaines semaines, il semble bien que les députés de Québec solidaire ont décidé de jouer la carte de l’opposition au pipeline Énergie Est.

Pas de farces.

Le Québec dit non; mais Québec Solidaire appuyait un parti qui, lui, disait OUI...
Le Québec dit non; mais Québec Solidaire appuyait un parti qui, lui, disait OUI… Mulcair a été très clair là dessus…

Après avoir appuyé le NPD de « Tom » Mulcair de toutes ses forces, après avoir promis d’être neutre dans la campagne fédérale, mais finalement s’être résolue d’occuper tous les médias afin de venir en aide au chef du NPD pour essayer de sauver sa campagne, voilà que la porte-parole solidaire se fait maintenant militante anti-Énergie Est…

La député de Québec Solidaire Manon Massé qui faisait campagne aux côtés de la néodémocrate Hélène Laverdière
La député de Québec Solidaire Manon Massé qui faisait campagne aux côtés de la néodémocrate Hélène Laverdière

Allo!? N’allez pas croire que Françoise David, Manon Massé et Amir Khadir ne savaient pas, ne connaissaient pas dans les plus menus détails, la position du NPD concernant Énergie Est… Oh, les députés solidaires la connaissent très bien cette position!

Citation complète de
Citation complète de « Tom » Mulcair sur le pipeline Énergie Est,, tiré du site web du magazine Maclean’s

Pour Mulcair, Énergie Est c’est un « win-win-win »! Gagnant-Gagnant-Gagnant… Que les députés solidaires militent pour le NPD et travaillent à défaire des « alliés » indépendantistes, qui de surcroît font campagne contre le pipeline Énergie Est, cela ne m’émeut pas une miette. Les indépendantistes sont habitués à l’ambiguité solidaire, du déjà vu.

Personne ne doutait lors de la campagne fédérale que la supposée neutralité des députés solidaire était fausse; pourquoi ne pas avoir tout simplement assumé cette accointance politique tout à fait légitime? Pourquoi tenter de jouer sur tous les tableaux?

Ah oui. C’est vrai. Par opportunisme. Car pour les Solidaires, le chemin vers un quatrième député passe par le graillement du vote des méchants racistes-identitaires péquistes (qui sont parfois bloquistes). On connait la chanson. Faut sortir les ti-drapeaux du Québec de temps en temps pour garder le titre « d’indépendantistes-mais-à-condition-qu’on-la-fasse-juste-à-gauche-et-jamais-avec-PKP »…

Mais y’a toujours bien des limites à prendre les gens pour des imbéciles… L’élection fédérale maintenant derrière nous, voilà que les Solidaires voudront maintenant qu’on les associe à la lutte contre le méchant pipeline après avoir tout fait pour faire élire des députés dont ils savaient très bien que s’ils étaient élus, s’ils avaient formé le gouvernement, le chef leur aurait imposé d’appuyer Énergie Est.

Mais comme ce n’est pas arrivé, comme l’appui des Solidaires n’a rien changé à la campagne fédérale, sinon qu’elle a probablement nui à Mulcair quand Françoise David a voulu s’élever au dessus de la mêlée dans une intervention désespérée qui a fait patate surtout car tout le monde voyait très bien dans le jeu de la député solidaire, comme le NPD s’est effondré au Québec, autant faire comme si de rien n’était et sortir les pancartes. QS sera aux avant-poste de la lutte contre le pipeline!

Combien de fois ai-je vu des militants solidaires, très présents sur les médias sociaux, haranguer des indépendantistes (péquiste ou pas) concernant Anticosti, l’inversement de la ligne B9 de Enbridge, toujours accusant le PQ qui gouvernait à l’époque de complaisance envers les pétrolières… Et vous savez quoi, ils avaient raison. Le PQ de Pauline Marois a payé très cher ces incohérences. Sa cuisante défaite en 2014 en est le résultat, du moins en partie.

Drôle comment l’appui assumé, sans réserves (demander à l’Office national de l’Énergie de faire enquête n’est pas une condition- l’ONÉ n’ayant jamais, je le répète, jamais, bloqué un projet pétrolier) du NPD à Énergie Est n’a pas empêché ses mêmes militants solidaire d’avaler l’anaconda que représentait ce pipeline pour bloquer les « méchant-racistes-identitaires-bloquistes » au Québec…

Le lancement de livre de Mulcair stoppé par des militants écologistes qui dénoncent l'appui équivoque de ce parti aux
Le lancement de livre de Mulcair stoppé par des militants écologistes qui dénoncent l’appui équivoque de ce parti à Énergie Est

Nous aurons besoin de toutes les voix possibles afin de bloquer les velléités de TransCanada, afin de nous opposer de toutes nos forces à la construction de ce pipeline. Mais je ne peux m’empêcher de souligner cette contradiction outrancière. L’appui de Mulcair à Énergie Est n’a jamais empêché les Solidaires de faire campagne aux côtés du chef du NPD. Bien au contraire, les Québécois ont vite compris que Françoise David ferait tout pour aider son allié fédéral. Quitte à avaler une couleuvre grosse comme un pipeline pour battre des adversaires bloquistes.

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Ironie du sort… Françoise David pourra se joindre à la nouvelle député… bloquiste de Repentigny Monique Pauzé qui, fidèle au programme du Bloc Québécois, fera de l’opposition au pipeline Énergie Est son cheval de bataille et son dossier prioritaire.

Réflexions post-campagne…

Via Influence Communication
Via Influence Communication

Voici quelques réflexions post-campagne électorale dans l’ordre ou le désordre…

A) Frank Graves de Ekos politics m’a surpris dès le 18 octobre quand il s’est avancé pour prévoir soit une large minorité mais plus probablement une majorité Libérale. Il s’appuyait sur le fait que ses enquêtes de dernières minutes montraient que le vote des électeurs plus âgés se déplaçait en très grand nombre vers les Libéraux de Trudeau, et ce partout au pays. Il a aussi prévu la débandade du NPD qui, en conséquence de la popularité du PLC, ne devenait plus vecteur de changement mais bien 3e violon, confiné à la marge politique.

« C’est certain que le gagnant de la prochaine élection aura été 3e dans les sondages à un moment donné. Cela est inédit dans l’histoire de la politique canadienne à ma connaissance » -David Coletto, PDG de Abacus Data

B) Cette longue campagne aura été déterminante dans la suite des choses pour l’industrie de l’enquête politique de l’opinion publique. On se souviendra que la firme CROP a complètement disparue des écrans radar suite à sa publication de sondages biaisés pour le compte du NPD dans les comtés des chefs adversaires de Mulcair au Québec (Trudeau et Duceppe). À un point tel que Gesca-La Presse a dû faire appel à EKOS Politics pour conduire un sondage pour publication dans ses pages. La crédibilité de CROP sera difficile à refaire, si cela est même possible.

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Cette longue campagne aura augmenté le cynisme des citoyens envers les sondeurs en général. Trop de sondages, trop de sondages de mauvaises qualité, une méthodologie déficiente, des médias avides de chiffres afin de nourrir des analystes de qui on attend toujours un peu plus de jus afin de faire du termes d’antenne, ces mêmes analystes qui génèrent des cotes d’écoute s’ils savent se rendre intéressants. Pourtant, quelle crédibilité ont les analyses de ces star-chroniqueurs du Québec quand elles s’appuient sur des sondages à échantillon de 200-300 personnes sur l’ensemble de la province? Sans représentation régionale? On l’a vu hier, ces analyse ne valent pas un rond. Elles ne valent rien. Que du vent. Ce qui est plus inquiétant cependant c’est que ces analystes ne sont pas neutres. En s’appuyant sur des enquêtes bidons, ils pérorent le plus souvent en inclinant leurs propos de leurs accointances politiques.

Ce star-système du commentariat politique au Québec est à jeter aux poubelles.

Bricker, PDG de IPSOS, rappelle que la CAPOR a été créée pour augmenter les standards de l'industrie du sondage
Bricker, PDG de IPSOS, rappelle que la CAPOR a été créée pour augmenter les standards de l’industrie du sondage

Pour ce qui est de l’industrie du sondage, j’ai bien hâte de voir le post-mortem qui sera fait par la CAPOR (Canadian Association for Public Opinion Research / Association pour la recherche en opinion publique du Canada [AROPC en français]). Cette association a été mise sur pieds par des ténors de l’industrie de l’opinion publique au Canada (Léger en est le seul membre du Québec) afin de réguler une industrie en mal de crédibilité. Le but étant de créer un genre de sceau d’approbation qui se baserait sur des principes méthodologiques stricts. J’appuie cette initiative qui servira à séparer le bon grain de l’ivraie, ou ce qui est bénéfique pour la population de ce qui est nuisible.

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Aussi, on devra se questionner sur le mandat que devrait avoir les sondages au sein d’une campagne électorale. Est-ce normal que les sondeurs soient vecteurs de changements? Est-ce leur rôle de s’immiscer sciemment dans une campagne afin d’en incliner le résultat en fonction d’inclinaisons politiques précises? On pourrait ajouter les campagnes provinciales au Québec depuis 2003 à cette équation…

La gauche-inclusive-pro-NPD fait la leçon mais se questionne peu…

GND

C) Je reviendrai là-dessus de façon plus élaborée plus tard mais cette longue campagne électorale aura été très instructive sur la suite des choses au Québec, notamment en ce qui a trait aux accointances idéologiques et politiques de la gauche-inclusive. Du haut d’une pré-supposée supériorité morale, cette gauche-inclusive-auto-proclâmée aime faire la morale aux indigents québécois mais pourtant n’accepte jamais de se questionner sur ses propres échecs, sur la conséquence des actions politique qu’elle mène.

La dégelé historique du NPD au Québec c’est aussi un cuisant échec de l’alliance équivoque entre cette gauche-inclusive et le tenant d’un multiculturalisme sans limite, fédéraliste et progressiste de circonstance, soit « Tom » Mulcair. Les harangues méprisantes, les amalgames infects et fallacieux des tenants de cette gauche envers les indépendantistes (appuyer le Bloc c’est automatiquement être xénophobe, cautionner l’islamophobie, le repli sur soi, etc) n’auront pas réussi à rallier qui que ce soit, bien au contraire! La sortie de Françoise David aura-t-elle réussi à mobiliser qui que ce soit vers le NPD? Le résultat d’hier montre bien que non.

Le NPD se trouve aujourd’hui dans la marge politique, un dur retour à la case départ. Mulcair semble vouloir s’accrocher, rien là dedans n’est cause de réjouissance pour la gauche-pro-multiculti au Québec. Il sera intéressant de voir si l’élection d’un des plus ardents défenseurs du multiculturalisme sans limite (Trudeau en a fait un élément central de son discours de victoire tard hier soir, ce qui est très révélateur pour la suite des choses) sera le moment pour de nombreux porte-étendards de cette gauche de joindre les rangs du fédéralisme de façon totale et assumée.

Le message de GND hier soir est très révélateur. Vite sur la hachette pour accuser les indépendantistes de « nationalisme conservateur », mais rien dans sa critique du NPD de l’échec lamentable de la gauche au Québec qui a appuyé Mulcair de toute ses forces, notamment en défendant le multiculturalisme sans limite si cher à Mulcair. Ça, cette gauche évite toujours de le mentionner. C’est son sale petit secret en quelque sorte.

Si GND s’était donné la peine de suivre la campagne du Bloc au delà du préjugé « niqab » savamment entretenu par des médias hostiles au Bloc justement, il se serait rendu compte que les discours de Duceppe étaient beaucoup, beaucoup plus progressistes que ceux de Mulcair et de Trudeau. Même pas proche. Dans la dernière semaine de çampagne, Duceppe a livré un vivant discours sur le bilan désastreux de Harper en matière de condition féminine et sur les droits des nations autochtones; allant aussi loin que de lier la lutte d’émancipation du Québec à la reconnaissance et l’appui de celle menée par les nations autochtones. Sur la question de la gestion de l’offre, de la défense des droits des chômeurs, les nombreux discours de Duceppe font passer Trudeau et Mulcair pour des opportunistes de droite.

Mais ne comptez pas sur cette « gauche-inclusive » pour s’intéresser de plus près à ce que disent les ténors indépendantistes. Cette campagne aura été très instructive pour la suite des chose. On a beaucoup demandé aux indépendantistes de se remettre en question, ils le font. Le temps est venu maintenant que les indépendantistes qui demeurent chez cette gauche en fasse de même. L’heure est à la coalition de toutes les forces indépendantistes sous le seul objectif de faire le pays sans conditionner cet appui à un présupposé idéologique de gauche.

Comme le font en ce moment les Écossais et les Catalans. La gauche, la droite, toutes les tendances nationalistes unies vers ce seul objectif. La seule question? Indépendance ou assimilation?

Loin d’une victoire bloquiste…

D) En terminant, les dix sièges du Bloc Québécois n’ont rien d’une victoire selon moi. Un petit baume qui ne masque en rien l’ardeur de la tâche à faire. Au premier chef, la fin de du militantisme indépendantiste fondé sur les seuls prédicats électoralistes. Il est impératif que nous nous attelions à la tâche de la pédagogie des avantages indéniables inhérents à l’indépendance. Si nous ne le faisons pas, le réveil post-2018 pourrait être très douloureux. En ce sens, bien que je ne sois pas toujours en accord avec un indépendantiste comme GND, il est indéniable selon moi que la cause mérite plus d’intellectuels comme lui. À nous maintenant de trouver un terrain d’entente.

Un indice, défendre le projet d’indépendance du Québec PEUT et DOIT marier à la fois la fierté de l’identité d’une nation, d’un patrimoine vivant qui s’inscrit dans le temps et le lieu mais aussi sa bénéfique évolution dans une modernité plurielle dans laquelle l’apport de toutes les saveurs du monde sont bénéfiques et souhaitable. N’en déplaise aux sceptiques.

“Rien, heureusement, n’est moins prévisible que la démocratie.” Jacques Attali

Nous voilà arrivés au dernier jour, celui où chaque électeur est souverain et maître de sa contribution à cet échafaudage imparfait qu’est notre système démocratique. Notre mode de scrutin est désuet et je fais partie de ceux qui croient dur comme fer qu’il faille le changer. Mais en attendant, l’abstinence électorale ne profite toujours qu’aux mêmes… Suffit de regarder qui sont ceux qui sont élus en profitant des faibles taux de participation… Sans surprise, Harper est de ceux-là. Moins les gens voteront aujourd’hui, plus ses chances de réélection seront grandes. (Jean Charest nous avait fait le coup de miser sur un faible taux de participation pour s’arroger une courte majorité à quelques jours de Noël en 2008 au Québec)

Notre système démocratique est imparfait, certes, mais c’est un embryon à partir duquel peut naître du changement. Pas le « changement » que promettent les prévisibles stratèges politique à coup de slogans vides; je parle ici de la force de la somme des voix qui se réuniraient en faveur d’un changement complet de paradigme (indépendance, mode de scrutin, modèle économique, etc). Par exemple, des nations en devenir comme le Québec, la Catalogne et l’Écosse fondent et conditionnent leurs aspirations indépendantistes à la légitimité du processus démocratique.

Il ne naîtra pas d’énorme changement de modèle social suite à l’élection en cours. Désolé mais « battre Stephen Harper » n’est pas un projet social emballant quand celui qui est le premier en lice pour le remplacer admet que son entourage fasse la cour aux pétrolières au nom de son « gouvernement en devenir ».

"Canada ce pétroÉtat paria environnemental" Titre dévastateur sur le Canada dans le prestigieux Foreign Policy
« Canada ce pétroÉtat paria environnemental » Titre dévastateur sur le Canada dans le prestigieux Foreign Policy

Le Canada sera-t-il moins un paria environnemental suite à cette élection? Dans l’état actuel des choses, pas du tout. Il le sera différemment voilà tout. L’hégémonie des pétrolières ne fera que changer de couleur politique. Les conséquences désastreuses d’une économie dépendante de l’industrie bitumineuse demeureront. Les Conservateurs seront soit premier ou deuxième, on est loin d’un grand changement…

Plus particulièrement pour le Québec, la perspective d’un gouvernement Trudeau (et de l’axe ultrafédéraliste Trudeau-Couillard) n’offre rien de très réjouissant, bien au contraire. Le Québec souffre déjà beaucoup du fédéralisme de la capitulation qu’est celui de Philippe Couillard; si l’on y combine une vision trudeauiste du Québec dans le Canada à Ottawa, le rapetissement du Québec en cours ne pourra que s’accélérer…

Rien, heureusement, n’est moins prévisible que la démocratie

Me vient en tête cette citation de Jacques Attali dans Lignes d’horizon. Car tout imparfait qu’il soit notre système démocratique, il arrive qu’il nous réserve des surprises! Des petites; comme aujourd’hui, nous ne savons pas qui formera le prochain gouvernement, il y a nombre de courses imprévisibles. Des plus grandes aussi; au Québec, notamment, alors que le Bloc Québécois pourrait bien renaître d’une mort annoncée. Les indépendantistes ont accumulé les défaites depuis trop longtemps et un score intéressant de la formation indépendantiste à Ottawa pourrait bien offrir un peu de dynamisme au mouvement.

Qui aurait prévoir la position actuelle du Bloc Québécois, le jour du vote, quelques semaines avant le déclenchement officiel de la campagne?

Certains comparent la formation indépendantiste actuelle aux bonnes années électorales du Bloc post 1995. Le Bloc Québécois 2015 a ceci de différent que suite au départ de Gilles Duceppe, il a beaucoup été investi par des militants dynamiques d’Option Nationale. Sans renier complètement la défense des intérêts du Québec à Ottawa (essentiel surtout au moment où le fédéral se croit avoir les coudées franches pour tout imposer au Québec), le Bloc Québécois 2015 est résolument indépendantiste et s’affiche comme tel.

Voilà qui sera un atout majeur quand le Québec jouera son va-tout en 2018.

Ne soyons pas dupes, le parti Libéral de Couillard, sans jamais en avoir demandé le mandat à la population québécoise, de façon tout à fait illégitime (la pire imperfection de notre système démocratique, l’absence totale de mesures d’imputabilité), conduit le Québec dans le mur de l’assimilation au tout canadien.

Personne n’avait prévu que le Bloc Québécois se trouverait en position d’envoyer une flopée de députés à Ottawa. À nous maintenant d’y voir.

Sur ce, je quitte pour mon bureau de scrutin.

Un vote de conviction, un vote pour le Québec…

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Très fièrement, je voterai pour le Bloc Québécois.

Je le clame haut et fort et j’en suis fier. Et pourtant, j’ai le coeur qui porte à gauche, j’aime mon Québec pluraliste, ouvert sur le monde, accueillant et diversifié, tout en étant fier de mes racines, de mon patrimoine, du long parcours fait par les miens d’hier jusqu’à maintenant. J’aime quand mon Québec se métisse et qu’il s’épice de toutes les saveurs du monde…

Nous n’avons pas à nous excuser de voter pour le Bloc Québécois. Chaque électeur est souverain, et je respecte ceux qui choisissent d’appuyer un autre parti en fonction de leurs convictions personnelles. Les miennes m’inclinent vers le seul parti indépendantiste sur la scène fédérale. Nous sommes au minimum 35 à 40% des Québécois qui se déclarent indépendantistes, il est légitime qu’il existe une voix au Québec pour les représenter à Ottawa.

Car ne soyons pas dupes, ces deux nations qui cohabitent au sein d’une « confédération » qui n’en n’est plus une, n’ont pas toujours les mêmes intérêts. Dans le cadre fédératif actuel, quand les intérêts de l’une et de l’autre divergent, le Québec se trouve constamment négligé, désavantagé, contraint à devoir se plier aux impératifs d’une autre nation. L’élection en cours le montre encore de façon éclatante alors que tous les partis du « Bloc Canadien » appuient les revendications du moteur économique du Canada, l’industrie pétrolière, qui insiste pour faire passer son pipeline par revers nos terres, nos rivières, au péril de notre environnement, de notre sécurité alimentaire.

Le Québec doit se donner les moyens de décider de ce qui (se) passera sur son territoire. Poing à la ligne. Poing à cette ligne, finies les tractations de lobbyistes avec les pétrolières dans l’antichambre du pouvoir alors que le peuple ne s’est même pas encore prononcé, finies les décisions d’organisme fédéral comme l’Office National de l’énergie, une succursale des compagnies de pétrole déguisée en organisme indépendant qui se superpose à nos propres processus d’analyses environnementales.

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Se donner le plus de députés du Bloc Québécois que possible c’est se doter de voix qui ne seront pas contraintes d’accepter automatiquement, machinalement, les décisions qui sont prises dans le meilleur intérêts du Canada. C’est se donner un regard critique sur ce qui se passe à Ottawa, c’est s’extirper de la dynamique malsaine d’une politique qui préfère se passer des revendications particulières du Québec. Aujourd’hui, plus que jamais, il nous est impératif de retrouver ces voix qui sauront dire non quand nos intérêts seront sacrifiés sur l’autel des avantages du Canada. Nos producteurs agricoles le constatent en ce moment, nos municipalités le vivent aussi, esseulées dans leur volonté de bloquer ce damné pipeline alors que tous les autres paliers de gouvernance actuels au Québec capitulent devant les pétrolières.

Mon vote pour le Bloc Québécois c’est aussi un appui indéfectible à l’indépendance. Il s’agit d’un vote de cohérence; comme mes amis indépendantistes Écossais ou Catalans, à qui on ne saurait leur faire croire que voter pour l’adversaire est un gain sur le chemin de l’émancipation nationale. Indépendantistes Écossais et Catalans ont compris la nécessité de se représenter au sein de leurs instances fédératives respectives; il est légitime, voire essentiel, que nous en fassions autant. Ne nous laissons pas berner par ces chants de sirènes faux qui nous implorent d’appuyer ceux qui demain nous combattrons de toutes leurs forces.

L’indépendance se défend partout, à Ottawa comme chez nous. J’ai confiance en la cohérence de Gilles Duceppe, en la conviction de son équipe.

Mon vote pour le Bloc Québécois est aussi une manière de dire merci à Gilles Duceppe. Je suis très fier de la campagne menée par le chef du Bloc. Six semaines avant le déclenchement de l’élection, on donnait la formation indépendantiste pour morte. Duceppe a parcouru le Québec de long en large, il a tapissé notre territoire de ses convictions, il a su défendre les dossiers les plus importants pour les Québécois. Confronté aux chefs du Bloc Canadien, il a montré la force de son expérience de chef, de parlementaire aguerri, de militant indépendantiste qui maîtrise ses dossiers. Le Québec gagne à être représenté par un homme de cette valeur…

Fièrement, je vote Bloc Québécois.

« L’appui aux Conservateurs est outrageusement sous-estimé par les sondeurs… »

Micheal Marzolini, le seul sondeur à avoir prédit exactement le résultat d'une élection fédérale, en 1988.
Micheal Marzolini, le seul sondeur à avoir prédit exactement le résultat d’une élection fédérale, en 1988.

Connaissez-vous Micheal Marzolini? Les plus âgés peut-être? Et pourtant, dans le monde des campagnes électorales interminables et de la multiplication indécente de sondages trop souvent farfelus, tous devraient le connaître…

Pourquoi?

Car Micheal Marzolini revendique la seule prévision 100% sur le piton comme on dit! En 1988, ce sondeur (et sa firme Pollara Strategic) a réussi à prévoir sans marge d’erreur (à 0,0%) le résultat de l’élection fédérale alors qu’il travaillait pour le réseau CTV.

Bang! Drette dessus. Au diable la marge d’erreur. On dit que cet exploit n’avait jamais été réussi avant et on est certain qu’il n’a jamais été accompli après. Bien au contraire. C’est plutôt l’inverse qui se produit, l’industrie de l’enquête d’opinion politique se cherche, elle est sur le point de s’écrouler, la population n’ayant guère confiance aux sondages…

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Le vote Conservateur est outrageusement sous-estimé

Quand Marzolini se prononce sur les sondages, son opinion est très prisée. Une sommité dans le domaine. Il s’est prononcé cette semaine non pour prévoir le résultat de l’élection mais plutôt pour apporter une précision fort intéressante. Selon le fondateur de Pollara, ceux qui sondent la campagne en cours sous-estiment outrageusement l’appui réel aux Conservateurs.

Warren Kinsella l’a rencontré et fait part de son analyse dans un texte du Hill Times publié hier :

« Marzolini aggregated the numbers offered up by the (few) reputable pollsters in Election 42. He superimposed those numbers on various demographic groups—old, young, male, female, families, and so on.

“Canadians 55 and older…wield the most clout this election,” Marzolini wrote. “They vote in higher numbers than anybody else, and so far this campaign they are overwhelmingly Conservative. If these were the only voters, Stephen Harper would win his largest majority ever, 16 per cent ahead of his closest rival.”

Observing that older voters vote more, and vote Conservative more often, is no revelation. Noting that young people vote less, and vote Liberal or New Democrat more often, is also no big bombshell. Both have been common knowledge for a long time.

But Marzolini looked at the dozens of polls that have been released nearly daily throughout this interminable election campaign—and he did so through the prism of age. And this is what he found:

“The Conservatives are very weak among young voters, and amongst all the demographics that don’t tend to vote. This won’t hurt them. Their support is almost exclusively among high turnout groups, including seniors. Their support in the polls is therefore extremely understated.”

“Extremely understated.” What does that mean, in hard numbers? Marzolini doesn’t equivocate. He assesses the current vote yield for each party as 37 per cent Conservative, 32 per cent Liberal, and 27 per cent New Democrat. That may not be a majority, but it’s close. »

Bref, les Conservateurs sont très forts au sein des segments de l’électorat qui votent le plus et se trouvent désavantagés au sein des segments de l’électorat qui votent le moins. Si on ajoute ces éléments à l’analyse des chiffres des sondeurs les plus réputés (dont la méthodologie est partagée et fiable), on obtient un portrait très différent de celui qui est le plus souvent partagé par les médias. Les Conservateurs mènent et pourraient même aspirer à une courte majorité.

L’inconnue demeure le taux de participation des segments de la population qui votent le moins; les 18-30 ans, les plus démunis, les nouveaux arrivants, etc. Rien ne laisse présager que le taux de participation chez les plus jeunes explosera dans le cadre de l’élection en cours. Vrai que la participation au vote par anticipation fut élevée, mais selon plusieurs analystes, c’est autant le fruit d’une campagne électorale interminable que d’un intérêt plus poussé envers la course en elle-même.

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L’analyse de Michael Marzolini a trouvé écho auprès du PDG de EKOS Politics, Frank Graves qui écrivait plus tôt cette semaine que le sort du premier ministre sortant Stephen Harper serait réglé si la « génération des cellulaires » (les plus jeunes électeurs) votaient en grand nombre. Mais pour renverser une tendance démographique lourde -non seulement les plus âgés votent plus, la pyramide démographique est en leur faveur, ils sont beaucoup plus en nombre- il faudra que les jeunes votent beaucoup plus que les 3 sur 10 qui l’ont fait en 2011 (18-24 ans).

De façon plus réaliste, je m’attends personnellement à ce que le taux de participation chez les jeunes soit un peu plus élevé mais rien qui ne puisse renverser la tendance du vote captif chez les plus âgés. Avantage Harper indéniablement ici.

Le piège Justin Trudeau

Permettez-moi de clarifier un truc important quant aux projections qui sont reprises dans tous les journaux du Canada anglais et aussi au Québec selon lesquelles Justin Trudeau serait au bord d’une majorité; cela procède beaucoup plus d’une opération qui vise à incliner le vote vers le PLC que d’une lecture assidue, objective des intentions de vote.

Rien ne laisse présager une majorité aux Libéraux en ce moment, rien n’indique que Trudeau s’approche des 170 sièges requis pour former un gouvernement majoritaire. Rien. À quatre ou cinq jours du vote, tapisser tous les journaux du Canada de cette volonté de chasser Harper n’y changera rien car s’il existe une tendance qui ne s’est jamais démentie au cours de cette interminable campagne, c’est bien la solidité de la base électorale conservatrice. D’ailleurs, encoure une fois, un chroniqueur jette un pavé dans la marre de ceux qui usent de sondages peu fiables pour avancer leur « agenda politique ». On doit absolument lire Warren Kinsella ce matin… Oui le vote Conservateur est largement sous-estimé dans les sondages.

"Encore une fois, certains sondeurs seront dans le champ…" Warren Kinsella
« Encore une fois, certains sondeurs seront dans le champ… » Warren Kinsella

Je le rappelle, sur les 125 comtés « sûrs » selon Élections Canada (ceux remportés par plus de 125% en 2011, transposés en comtés 2015), 102 sont acquis aux Conservateurs. Ce vote captif se dresse entre « Justin » et sa majorité. À moins que le voire NPD ne s’effondre complètement au profit exclusif du PLC. J’en doute.

Le vieux réflexe libéral…

Autre élément à considérer, la gaffe stupide de Dan Gagnier, co-directeur de campagne nationale du Justin Trudeau, aura des répercussions sur le vote. Certains seront un peu plus frileux à l’idée d’appuyer les Libéraux. Gagnier, en courtisant TransCanada pour faciliter le lobby en vue d’appuyer le pipeline Énergie Est avant même d’avoir été élu, vient rappeler de bien mauvais souvenirs aux électeurs qui avaient chassé un parti Libéral corrompu à l’os en 2006. Gagnier est l’un de ces vieux routiers Libéraux qui témoignent du fait que le PLC n’a rien d’un « nouveau parti » et que le seul changement qu’il propose est cosmétique… Même pas élus et déjà les apparatchiks libéraux manigancent dans l’antichambre du pouvoir…

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Le piège Justin Trudeau

S’il est un endroit au Canada où le spectre du retour des Libéraux fédéraux devrait faire frémir, c’est bien au Québec! Je me suis déjà étendu ici sur le désastreux bilan de gouvernance libéral fédéral au cours des dernières décennie, mais plus inquiétant encore que ce bilan libéral c’est le retour d’un Trudeau aux commandes du pouvoir canadien que l’on devrait vouloir éviter comme la peste.

Quand Stephen Harper a voulu, très symboliquement et du bout des lèvres, reconnaitre à la Chambre des Communes que le Québec formait une « nation » (à l’intérieur du Canada seulement), peu s’y sont opposé avec autant d’acharnement que le fils politicien de Pierre Elliott Trudeau. En presque dix ans depuis, l’opinion de Justin Trudeau n’a pas vacillé d’un iota là dessus. Pour lui, c’est une hérésie de croire que le Québec n’ait jamais été une nation.

Justin Trudeau a beaucoup été questionné sur ses opinions concernant le nationalisme québécois et ses réponses sont chaque fois empreinte d’un mépris condescendant sur l’idée même que l’on puisse associer le Québec au concept d’une nation.

En entrevue avec Seamus Oreagan au réseau CTV lors de la chefferie qui avait porté Micheal Ignatieff aux commandes du PLC, Justin Trudeau s’était livré à une charge en règle très méprisante envers toute acceptation d’un « nationalisme québécois ».

« En continuité de ce que pensait mon père sur la question, je m’éloigne de toute conception de nationalisme du Québec, cette idée dépassée, d’un autre siècle, cette idée qui réduit le Québec à une nation alors que sa culture ne saurait s’épanouir qu’en tant que partie prenante d’un vaste Canada… Le nationalisme québécois se fonde sur une étroitesse d’esprit, peu d’intelligence et ne produit que des barrières inutiles. Comme mon père, je m’oppose à tous ceux qui peuvent même évoquer le concept de nation pour le Québec »

Intéressant de noter la réaction médusée du journaliste Oreagan devant cette tirade si méprisante, du moins surprenante. Trudeau se sent le devoir d’ajouter à la fin de sa réponse « qu’il ne devrait pas opiner autant sur la question mais… que voulez-vous! ».

En ce sens, à bien des égards, Justin Trudeau comme premier ministre n’est guerre perspective plus reluisante que Stephen Harper ou « Tom » Mulcair. Voilà le piège dans lequel se trouvent les Québécois lors de l’élection en cours -et toutes les élections subséquentes tant que le Québec sera partie prenante du cadre fédératif actuel- les candidats qui aspirent à gouverner le Canada, le Bloc Canadian en quelque sorte, seront toujours tenus de défendre les aspirations, les intérêts du Canada au détriment des intérêts du Québec souvent divergents, différents voire même en opposition. Le Québec ne peut qu’y perdre au change.

Le PM du Québec Philippe Couillard en mission au Mexique infléchit le protocole et impose le drapeau du Canada.
Le PM du Québec Philippe Couillard en mission au Mexique infléchit le protocole et impose le drapeau du Canada.

Mais dans le cas d’un Justin Trudeau, il y a aussi la question même de l’existence du Québec comme nation qui se pose. Trudeau est de l’école de pensée d’un Philippe Couillard pour qui le Québec doit mettre fin à toute aspiration de nation et réintégrer le giron canadien sans condition. Une capitulation totale et rapide; de préférence une assimilation qui ne laisserait plus au Québec qu’une folklore lointain à classer sur les étagères vieillottes des nations conquises au profit du melting-pot canadien multiculturel.

Un axe de pouvoir Trudeau-Couillard-Coderre serait des plus désastreux pour la pérennité même de la nation québécoise. Déjà, les Québécois ont un aperçu infect de ce que le mensonge libéral provincial peut produire quand un tenant de l’assimilation, du rapetissement, du ratatinement s’abroge du pouvoir dans le but avoué de briser le Québec, d’en faire un champ de ruines afin d’y assoir le Canada. En ça, Couillard trouvera un allié enthousiaste à Ottawa si Trudeau prenait le pouvoir.

Comme il n’existe pas de statu-quo dans l’évolution socio-démographique des nations, chaque fois que les Québécois se rendent aux urnes, une question se pose en filigrane… Indépendance ou assimilation? Chaque jour de plus que le Québec passe dans le giron canadien, il pousse toujours l’aiguille un peu plus du côté de sa capitulation.

Le clan fédéraliste au Québec évite bien de nommer la chose par son nom, mais nul ne peut douter que tout est mis en oeuvre, tant dans cette élection-ci que dans les relents nauséabonds de celle de 2014 au Québec, pour que l’assimilation se fasse le plus rapidement possible. Mais cela est tout à fait normal quand ceux qui gouvernent refusent même de croire que le Québec ne forme une nation…

Trudeau n’est même pas élu qu’il courtise déjà TransCanada pour Énergie Est!

Le co-directeur de la campagne nationale libérale est dans l'embarras...
Le co-directeur de la campagne nationale libérale est dans l’embarras…

Voilà qui ne rassurera personne au Québec. Un article de La Presse Canadienne publié dans le site ipolitics fait état de tractations de la garde rapprochée de Justin Trudeau auprès de la pétrolière TransCanada au cours des derniers jours.

Justin Trudeau n’est même pas élu que le voilà en train d’indiquer à TransCanada, par le biais de son conseiller Dan Gagnier, quelles seront les démarches pour les lobbyistes afin d’avoir accès à un possible premier ministre Trudeau!

« The Liberals say Justin Trudeau’s national campaign co-chair did not break any ethical standards when he sent a detailed email Monday to people behind the Energy East pipeline with advice on how and when to lobby a new government — including if it happened to be a Liberal minority. »

On parle ici du co-directeur de campagne national du parti Libéral du Canada qui en pleine campagne s’adresse à TransCanada sur la marche à suivre pour faire avancer Énergie Est -et ce jusqu’à quel ministre viser dans leurs tractations!- même si les Libéraux sont minoritaires!

Ça dépasse l’entendement.

Cet été, Trudeau refusait de dire s'il appuierait le pipeline Énergie Est...
Cet été, Trudeau refusait de dire s’il appuierait le pipeline Énergie Est…

Dire qu’en juillet dernier, Justin Trudeau refusait de dire s’il appuierait le pipeline Énergie Est alors qu’il sillonnait le Québec. Ces politiciens du Bloc Canadien prennent vraiment les électeurs québécois pour des imbéciles.

Et on se demande ensuite pourquoi il est absolument essentiel d’envoyer le plus de députés du Bloc Québécois que possible à Ottawa? Il semble bien que Trudeau prenne pour acquis que peu importe QUI formera le prochain gouvernement à Ottawa, le pipeline Énergie Est se fera, et cela le plus rapidement possible.

Il n’y aura jamais de purgatoire assez long au Québec pour le parti Libéral du Canada…

"Just watch me" phrase méprisante reprise par le père et le fils...
« Just watch me » phrase méprisante reprise par le père et le fils…

À quelques jours du vote, il semble bien que Justin Trudeau soit le grand récipiendaire de tous les appuis de ceux qui se sont donnés comme mission de remplacer Stephen Harper coute que coute… notamment dans les milieux institutionnel et médiatique.

On comprendra la confrérie journalistique de la colline parlementaire à Ottawa de ne pas faire de cadeau à Stephen Harper, ce premier ministre pour qui la presse non complaisante a toujours été une « ennemie », suspecte, indésirable. On comprendra les scientifiques, les fonctionnaires, les anciens combattants notamment de faire campagne contre un premier ministre qui a bafoué les règles les plus élémentaires de la transparence, qui a muselé les scientifiques, qui a trahi les anciens combattants, qui s’est employé à charcuter la fonction publique jusqu’à peau de chagrin…

Harper en paie le prix au cours de la présente campagne. Avec moins d’une semaine à faire, tout sera mis en oeuvre par les gens mentionnés plus haut pour que Harper soit défait.

Ce sera Trudeau.

Même au Québec, on fera tout pour redorer le blason de « Justin ». Il ne reste que quelques jours, le feu est pris, pas le temps de niaiser, la seule chose qui compte c’est de chasser Harper. Attendez-vous à un habile glissement de l’argumentaire « votez NPD pour défaire Harper »… mais cette fois en substituant le nom de « Tom » par celui de « Justin ».

On pouvait bien courtiser les nationalistes, les indépendantistes, sous le parapluie du NPD mené par le bon Jack… Hey! Le NPD acceptait de reconnaître le droit aux Québécois de la règle la plus élémentaire en démocratie; le 50% + 1.

Sont fins.

Mais y’a toujours bin des ostifies de limites à essayer de faire passer le parti Libéral du Canada pour des alliés potentiels des nationalistes, ou même des Québécois en général.

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« Oui mais c’est loin ça les Commandites! »

« Le parti Libéral du Canada a payé assez cher sa crosse des Commandites! »

Je m’excuse, mais jamais un Québécois qui se respecte ne devrait même considérer une seule seconde appuyer le parti Libéral du Canada. Jamais.

Il n’existe pas de purgatoire assez long au Québec pour le parti Libéral.

Nous sommes encore trop contemporains de tout le mal qu’ait fait ce parti politique au Québec pour bien mesurer l’ampleur de ce que ces fossoyeurs de la démocratie ont volé aux Québécois.

Le parti Libéral du Canada, une longue histoire de mépris envers le Québec

Je laisse le soin à l’avocat Guy Bertrand de recenser tout le mal que le parti Libéral du Canada a fait au Québec. Tout ceci est tiré de sa page facebook:

1969 : Expropriation illégale et illégitime de 97 000 acres de terrain à Mirabel à des fins aéroportuaires, alors que la moyenne mondiale était de 5000 acres environ;

1970: Application de la Loi sur les mesures de guerre au lieu du code criminel pour justifier la suspension des droits fondamentaux des québécois;

1975: Décret interdisant aux gens de l’air francophones (contrôleurs et pilotes) de parler français entre eux sur le territoire québécois;

1980: Promesse fallacieuse à l’effet qu’un NON à la question référendaire voudrait dire un OUI à un changement constitutionnel;

1981: La nuit des longs couteaux où le gouvernement fédéral et la majorité des provinces se sont entendus pour trahir la parole donnée au premier ministre René Lévesque;

1982: Rapatriement unilatéral de la constitution contre le volonté de l’Assemblée nationale et imposition du multiculturalisme comme modèle d’intégration des immigrants;

1995: Dépenses frauduleuses du camp du NON lors du référendum et serment de citoyenneté accéléré en faveur de milliers d’immigrants;

1997: « Stratagème fédéral visant l’utilisation de fonds publics pour financer diverses opérations de relations publiques pour contrecarrer les actions du Parti québécois »;

2000 : Loi sur la clarté portant sur les conditions de « clarté » préalables à toute négociation advenant un OUI lors d’un prochain référendum; 

2005: Éclatement du scandale des commandites où le montant de fonds publics investis par le fédéral est évalué 332 millions environ;

2005: Premier rapport du juge Gomery démontrant que le programme des commandites a servi à alimenter un système complexe de pot-de-vin profitant au Parti libéral;

2015: Campagne électorale où Justin Trudeau n’a jamais reconnu les préjudices graves que les gouvernements du Parti libéral ont fait subir à la nation québécoise;

2015 : Le 19 octobre, les québécois majoritairement se souviendront qu’ils ne peuvent faire confiance au Parti libéral de Justin Trudeau qui les a tellement trahis dans le passé.

Non, le 19 octobre Justin Trudeau ne deviendra pas, subitement, un allié des Québécois même si aujourd’hui, exceptionnellement, il a substitué le mot « séparatiste » par celui de « souverainiste » afin de se présenter comme plus modéré envers ceux qui ont permis la vague orange dans le passé.

Ne soyons pas dupe.

Gouvernement minoritaire en vue; la pertinence du Bloc Québécois, l’importance du vote des jeunes…

Presque impossible de prédire le résultat de la prochaine élection...
Presque impossible de prédire le résultat de la prochaine élection…

Il ne reste plus qu’une semaine avant la fin de la campagne électorale et rien n’est réglé. Je l’ai beaucoup écrit ici, cette élection est un cauchemar pour les sondeurs et il serait périlleux de baser toute analyse uniquement sur les sondages bien que ceux-ci puissent nous informer de grandes tendances.

En 2011, à une semaine du vote, Jack Layton était fort populaire et Micheal Ignatieff se trouvait en constante dépréciation chez les électeurs. Cette fois-ci, l’inverse semble se produire alors que « Tom » Mulcair tire le NPD vers le bas alors que Trudeau semble bien bénéficier des déboires du chef néodémocrate. Il s’agit là de tendances lourdes, de mouvements qu’il est assez difficile de contester. Le vote Conservateur demeure solide, sa base étant la plus fidèle et la moins encline à déserter son choix numéro un. Du côté du Bloc Québécois, difficile de nier que Gilles Duceppe mène une bonne campagne et quand les sondeurs ont tenu compte des réalités régionales, tout indique que le Bloc est bien positionné pour reprendre son statut de formation officielle à la Chambre des Communes.

Voilà pour les tendances plus générales.

Un gouvernement minoritaire

Sachant cela, quels sont les scénarios les plus plausibles au lendemain du 19 octobre? Un gouvernement minoritaire à Ottawa, voilà qui est acquis. Aucune formation en ce moment ne s’approche des 170 sièges requis afin de former un gouvernement majoritaire. Même pas proche.

Des députés sortants en danger

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Une variable dont on parle moins cependant, le fait que près d’une quarantaine de députés sortants se trouvent en situation précaires dans des comtés qui ont été remportés par moins de 5% des voix (40 sur 52 de ces comtés). Au Québec, on parle d’une demi-douzaine de Néodémocrates notamment. L’élection en cours a ceci de particulier qu’il y a nombre de courses très serrées qui pourraient avoir une incidence déterminante sur le résultat. On pourrait à la fois avoir la surprise d’une minorité forte (PLC ou PCC) ou même de trois partis à moins de 20-25 sièges les un des autres. Tout dépendra du résultats de nombre de luttes serrées, surtout en Ontario bien que la Colombie-Britannique et le Québec soient aussi à surveiller. S’il fallait que le NPD s’effondre dans l’une de ces deux provinces (et même en Ontario, si ce n’est déjà fait), cela influencerait le vote de diverses façons.

Comment? En Colombie-Britannique, il y aura quelques luttes serrées où la division du vote pourrait bénéficier aux Conservateurs dont les appuis risquent moins de chuter. Aussi, loin de se rapprocher, Libéraux et Néodémocrates continuent de se livrer de rudes batailles ce qui empêche de fédérer le vote « tout sauf Harper ». Au Québec, il y aura aussi des luttes à trois et même à quatre là où le vote NPD qui s’étiole bénéficiera à plus d’un parti. Les couronnes de Montréal sont à prendre, il y aura là des luttes intéressantes. En région, le Bloc Québécois devrait remporter quelques sièges là où Libéraux et Conservateurs comptent moins d’appuis.

Le Bloc Québécois et le scénario du gouvernement minoritaire

Comme les prochain gouvernement sera presque assurément minoritaire, il est intéressant de rappeler que dans ce contexte, la représentation régionale au parlement fédéral peut être des plus avantageuses, surtout pour le Québec. Et pourtant, on entend presque jamais les chroniqueurs du Québec se prononcer sur le rôle que pourraient jouer, en contexte de gouvernement minoritaire, les députés du Bloc Québécois qui seront élus. Car il y en aura.

Serait-ce que l’on préfère ne pas trop en parler? Je m’étonne, par exemple, de lire le texte de Vincent Marissal sur les scénarios possibles sans que ne soit mentionner une seule fois le Bloc Québécois. Pas un mot. Pourtant, il se pourrait bien que le prochain gouvernement soit très attentif aux revendications du Bloc Québécois sur certains dossiers très spécifiques si jamais la minorité le requiert. Difficile d’éviter complètement un groupe de 20-30 députés en contexte minoritaire.

Ce scénario de 20-30 députés bloquistes à Ottawa, pertinents en contexte minoritaire, et défendant en tout temps les revendications divergentes du Québec, les rappelant sans cesse, voilà le scénario du pire pour l’élite fédéraliste à Québec; elle qui salivait à l’idée de la disparition du Bloc Québécois au profit d’un « Tom » Mulcair qui a appuyé Philippe Couillard…

Une flopée de députés du Bloc Québécois qui refusent net de jouer la game des pétrolières dans le dossier Énergie Est, qui contestent l’hégémonie de l’Office National de l’énergie et qui rappellent que cet organisme n’est rien d’autre qu’une succursale des pétrolières. Une flopée de bloquistes qui se battent pour la gestion de l’offre au Québec, qui dénoncent sans cesse le pillage de la caisse de l’assurance emploi, qui défendent les compétences exclusives du Québec. Le scénario du pire pour les fédéralistes qui préfèrent la soumission tranquille des Libéraux de Couillard.

Le Québec peut-il se passer de cette représentation bloquiste en ce moment? Bref, le contexte du gouvernement minoritaire est propice à l’élection du plus de députés du Bloc Québécois que possible afin de faire contrepoids à l’axe du « fédéralisme-du-rapetissement » qui guette le Québec en ce moment. Il n’y a absolument rien, mais rien, de réjouissant dans la perspective d’un axe Trudeau-Couillard-Coderre par exemple.

Plus le taux de participation chez les jeunes sera élevé, moins de chance Harper aura de gagner l'élection
Plus le taux de participation chez les jeunes sera élevé, moins de chance Harper aura de gagner l’élection

Le vote des jeunes

Notons également que l’élection actuelle pourrait se jouer sur une donnée que l’on ne mentionne pas assez souvent, l’inadéquation des votes du segment plus jeune de la société versus celais de la population plus âgée. Frank Graves, l’analyste et PDG de la firme EKOS Politics, fait remarquer qu’en 2011, les sondeurs ont surestimé le taux de participation des jeunes (il les appelle « électeurs aux téléphones cellulaires seulement »).

Moins de trois électeurs sur dix de moins de 24 ans ont exercé leur droit de vote en 2011. En contrepartie, les segments plus âgés de la population votent, eux, beaucoup plus. Ce n’est un secret pour personne que Harper compte sur l’appui des électeurs plus âgés dans tout scénario que le donne vainqueur.

EKOS s’est astreint à la tâche de sonder les électeurs plus jeunes, ceux qui le plus souvent sont sous-représentés des enquêtes d’opinion car moins faciles à joindre dans ce type d’enquêtes. Selon Frank Graves, contrairement à 2011, ce segment de l’électorat est beaucoup plus engagé dans le débat électoral. Si les « électeurs au téléphone cellulaire » se présentent en grand nombre, Harper perdra selon l’analyste Graves :

« Quite simply, this segment will be critical to the outcome of the election. In the last election, Ekos polls overestimated this segment’s willingness to vote. This time around, that cell-phone-only population is at least three times larger and tells us they are much more certain to vote than they told us last time. When polled, they insist they are extremely engaged and motivated by the values war that has come to underlie this election.

What that means: if they show up Harper loses; if they don’t he wins. »

Les sondeurs du Canada anglais disent n’importe quoi au Québec! J-M Léger

« Voter Bloc, c’est voter Conservateur! »

Manifestement, les plus récentes enquêtes qui sondaient le Québec de façon plus élaborée ont beaucoup déplu à une certaine élite fédéraliste au Québec. Selon que les sondages prenaient en compte des échantillons plus grands et régionaux, on a vu des prédictions de plus de 20 sièges pour le Bloc, ce qui lui redonnerait son statut de parti officiel à la Chambre des Communes, un scénario catastrophe pour cette dite élite.

Il n’en fallait pas plus pour que l’on ressorte les épouvantails. C’est de saison, l’Halloween s’en vient. C’est pathétique, mais semble-t-il que cet argument est plus convaincant que celui des troupes de Mulcair au Québec…

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Voter Bloc aide les Conservateurs!

Voilà que l’on peut lire certaines analyses tant au Canada anglais qu’au Québec selon lesquelles un Bloc Québécois trop fort aiderait à la réélection des Conservateurs, cet apocalypse maudit… Pourtant, un Bloc à plat en 2011 n’a pas empêché l’élection d’un gouvernement Harper confortablement majoritaire, mais silence radio là-dessus. Dans L’Actualité par exemple, une analyse faite sur mesure pour tenter d’infléchir le vote québécois vers le NPD plutôt que le Bloc Québécois, toujours au nom de « l’empêchement du gouvernement Conservateur ».

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Le problème, comme le note de façon virulente le sondeur Jean-Marc Léger sur son compte twitter, c’est que les sondages sur lesquels se basent la majorité des analyses sont bidons et inopérantes car ils ne tiennent pas compte des composantes régionales essentielles. Par exemple, l’outil de compilation des sondages qu’utilise L’Actualité se base presque exclusivement sur des sondages qui compilent les données du Québec sur l’ensemble du Canada, ce qui fausse les données.

Ainsi, l’analyse faite par Alec Castonguay dans L’Actualité ne crédite qu’un seul siège au Bloc Québécois malgré le fait que la formation de Duceppe cartonne à plus de 40% dans plusieurs régions du Québec, et tout cela sans tenir compte de luttes régionales qui pourraient facilement bousculer du côté du Bloc. Non, Castonguay discarte complètement le Bloc Québécois comme si la réalité de sondages aux échantillons régionaux n’existait pas. C’est pratique!

« Les résultats au Québec influencent grandement les chiffres nationaux, puisque l’impact est important sur le nombre de sièges que peut remporter le NPD. Si Thomas Mulcair recommence à monter dans la province, le nombre de sièges du NPD bondira au total, réduisant d’autant ceux du Parti conservateur »

Il faut sauver le Soldat Mulcair au Québec! Pourtant, rien dans l’analyse de Castonguay n’évoque le fait que les Conservateurs comptent sur 102 sièges remportés par plus de 25% dans le Canada anglais -ce qu’Élections Canada qualifie de « comtés sûrs »-, rien non plus sur le fait que les Conservateurs étaient maîtres de la refonte de la carte électorale et que plus d’une vingtaine de sièges émanant de cette refonte se trouvent danseur zone d’influence politique. Non rien de cela.

La réalité c’est que le Québec n’aura, encore, qu’une influence mineure sur les résultats généraux de la prochaine élection. Des sondeurs peuvent bien brandir le spectre d’une « vague Bleue foncée » en se basant sur des enquêtes statistiquement non crédibles (EKOS parle de plus de 25 sièges Conservateurs au Québec, ce qui ne relève que des anomalies inhérentes aux défauts méthodologiques, mais qui est très pratique quand on veut façonner une analyse sur mesure…), la réalité c’est que les réalités régionales tant au Québec qu’ailleurs au Canada (le grand Toronto) et un nombre important de luttes à trois, à quatre, font en sorte qu’il est pratiquement impossible de prévoir l’issue de la prochaine élection, sinon qu’aucun parti au national ne se détache assez pour former un gouvernement majoritaire.

"Le sondage d'opinion est en crise, plus de transparence est nécessaire…."
« Le sondage d’opinion est en crise, plus de transparence est nécessaire…. »

L’industrie du « sondage » est en crise!

Il est intéressant de constater qu’en pleine campagne électorale, nombre d,intervenants parmi les plus importants de l’industrie du sondage d’opinion acceptent d’admettre que leur industrie est en crise. Les grands groupes de presse n’injectent pas plus de fonds auprès de ceux qui sondent, les besoins sont sans cesse croissants, pour arriver à produire des sondages qui ensuite nourrissent la nouvelle, l’analyse, on coupe dans les moyens (méthodologiques surtout) ce qui réduit toujours l’acuité des enquêtes et qui mine la crédibilité de l’industrie.

Un cercle vicieux qui met en péril la crédibilité de toute l’industrie selon Darrell Bricker, le PDG de Ipsos Global Public Affairs et un des fondateurs de la Canadian Association of Public Opinion Research (CAPOR – en français: Association pour la recherche en opinion publique du Canada-AROPC). Le but de l’association de sondeurs d’opinion est d’établir des standards éthiques et méthodologiques reconnus afin d’empêcher la publication d’enquêtes statistiquement bidons ou peu fiables. Loin de se cacher, Bricker admet d’emblée que même l’élection en cours comporte son ot de sondages scientifiquement nuls.

Les sondeurs du Canada anglais disent n’importe quoi au Québec!

Il est à noter que Léger Marketing fait partie de la CAPOR, Christian Bourque étant le V-P recherche de l’association. En ce sens, quand Jean-Marc Léger dit que les sondeurs du Canada anglais disent n’importe quoi concernant les intentions de vote au Québec, sa critique a beaucoup plus de crédibilité que les analyses politiquement inclinées de certains commentateurs au Québec dont on ne doute plus des accointances politiques..