Partenariat Transpacifique: les agriculteurs de l’Ouest jubilent, ceux du Québec écopent…

Au cours des dernières heures, le premier ministre de la Saskatchewan a rendu publique les nombreuses lettres de félicitations et d’appréciation de son travail dans la promotion du partenariat Transpacifique auprès du gouvernement fédéral.

Capture d’écran 2015-10-07 à 08.27.44Capture d’écran 2015-10-07 à 08.27.57

Et encore deux autres…

Capture d’écran 2015-10-07 à 08.28.15Capture d’écran 2015-10-07 à 08.28.26

On constate à la lecture de ces lettres que les agriculteurs de l’Ouest du Canada sont très contents. Manifestement ce partenariat est fait sur mesure pour une plus grande ouverture et une facilitation de l’exportation de leur production. Le Canada est un grand pays et il est évident que les intérêts des agriculteurs de l’ouest et ceux du Québec divergeaient, surtout dans les secteurs régis par la gestion de l’offre.

La relève agricole du Québec durement touchée

Plusieurs voix se sont faite entendre autours des derniers jours au Québec pour expliquer les conséquences directes, immédiates, de la mise en oeuvre du PTP pour les agriculteurs québécois dans le domaine de la production laitière par exemple, dont la majorité au Canada se trouve au Québec et dans l’est-ontarien.

L’intervention de l’agriculteur Yves Van Der Tol de Sherrington en Montérégie hier soir à l’émission L’heure du monde de Radio-Canada était très intéressante. Ce dernier expliquait que l’ouverture de 3.25% des marchés protégés par la gestion de l’offre lui couterait d’entrée de jeu 50 000$ en quotas perdus et ce pour une exploitation de 60 vaches laitières. Pire, l’agriculteur ne s’attend pas à se qualifier aux programmes de compensation proposés par le gouvernement compte tenu que ceux-ci se basent sur des volumes perdus futurs mais en fonction d’années de références antérieures.

Capture d’écran 2015-10-07 à 08.45.55

Le coup le plus dur demeure celui qui devra être encaissé par la relève agricole du Québec si le PTP devait être adopté. Le président de la Fédération de la relève agricole du Québec Pascal Hudon l’explique :

« Les dernières semaines ont été longues et stressantes pour la relève, et en particulier ceux et celles dans les filières du lait, des œufs et de la volaille. On est tous déçus de constater après tous ces efforts de mobilisation que le maintien intégral de la gestion de l’offre a été sacrifié au nom du libre-échange car ce sont les secteurs sous gestion de l’offre qui accueillent le plus de jeunes agriculteurs par année et qui présentent d’excellentes perspectives de viabilité. »

Ce qui est encore plus décourageant pour les agriculteurs québécois, ceux établis et la relève, c’est que ces négociations se sont déroulées dans la plus grande opacité, sans que ceux-ci ne soient jamais consultés.

Écrémés de 3,25% aujourd’hui, sacrifiés complètement demain?

En plus d’avoir été exclus complètement des pourparlers concernant le PTP, les agriculteurs québécois sont loin d’être rassurés par les échos qui viennent d’autres pays concernant les perspectives futures qui touchent leur domaine d’exploitation agricole.

Le ministre du commerce international de la Nouvelle-Zélande Tim Groser par exemple, en commentant le PTP d’une perspective des gains pour l’industrie laitière d’exportation de son pays, a offert un son de cloche très différent de celui de son homologue canadien Ed Fast qui se voulait rassurant en disant que « seulement 3,25% de la gestion de l’offre avait été consentie ».

Tim Groser évoque plutôt la libéralisation plus grande des marchés que permettra dans le futur le PTP:

« We’ve had for 50-60 years of integration of the motor vehicle industries…and we’ve just started this process on dairy, over the long-term, we’re moving in a more liberal direction on dairy products. »

Pour la Nouvelle-Zélande, inonder les marchés de leurs produits laitiers, comme le beurre, est un enjeu essentiel inhérent au PTP. En scrutant un peu, on s’aperçoit que le Canada a cédé sur la gestion de l’offre, mais pas tout le monde. Au Japon par exemple, les négociateurs ont refusé net d’ouvrir leur marché au beurre néo-zélandais, ce que les producteurs là-bas déplorent :

NZ dairy

Ainsi, les Américains, les Japonais, les Australiens ont pu préserver certains marchés importants de leur économie mais le Canada a dû céder sur la gestion de l’offre? À n’en point douter, le Québec aurait mieux fait de se représenter lui-même au sein de ces négociations. Dans la dynamique canadienne, les producteurs québécois protégés par la gestion de l’offre ont manifestement été sacrifiés afin de privilégier d’autres secteurs de l’économie agricole canadienne.

Malheureusement, les agriculteurs québécois ne peuvent même pas compter sur le gouvernement provincial pour les représenter et défendre leurs intérêts. le parti Libéral de Philippe Couillard se réjouit de la signature du PTP. Ça fait longtemps que les Québécois ont compris que ce gouvernement se préoccupait beaucoup plus du rapetissement, du ratatinement du Québec pour le plus grand bien du Canada. Conséquemment, les déboires des agriculteurs du Québec comptent peu à Québec, c’est « le prix à payer pour faire partie de la fédération canadienne » j’imagine…

Une réflexion sur “Partenariat Transpacifique: les agriculteurs de l’Ouest jubilent, ceux du Québec écopent…

  1. Je fais ici appel à la mémoire des lecteurs de ce blogue. Est-ce que quelqu’un se rappelle de la position de l’UPA et de son dirigeant de l’époque M. Jacques Proulx lors du référendum de 1995?

    J’aime

Répondre à François Chartier Annuler la réponse.